Sur les paysages intacts du Causse noir et du plateau du Larzac, Millau (Aveyron) devient le théâtre de courses captivantes durant le week-end du 19 au 20 octobre. Cet événement annuel accueille une foule de passionnés, réunissant près de 11 000 coureurs à travers 13 parcours diversifiés. Dans une ambiance particulière, marquée par un départ nocturne sous la lune, les athlètes s’engagent sur des chemins peut-être humides sous une pluie fine, éclairés par leurs lampes frontales, élément indispensable du trail.
« C’est ma première participation ici, exprime Quentin au moment crucial de récupérer son dossard. C’est une course prestigieuse, et je me réjouis d’avoir l’opportunité d’y participer cette année. » Originaire de Lille, il est accompagné de sa partenaire Maud, familiarisée avec l’événement depuis 2019. « Je savais que c’était l’un des premiers trails en France, confie-t-elle avec enthousiasme. Cela se ressent dans l’organisation, qui témoigne de trois décennies d’expérience.
L’histoire de cet événement remonte au dimanche 29 octobre 1995. À ses débuts, une seule course était proposée, vite devenue une référence incontournable. Les instigateurs, Odile Baudrier et Gilles Bertrand, anciens journalistes spécialisés dans les courses à pied, ont trouvé leur inspiration lors d’un voyage aux Etats-Unis. « Les trails là-bas empruntaient souvent des pistes historiques, explique Gilles Bertrand. L’idée de raconter une histoire a été simple à transposer ici grâce au riche patrimoine des cités templières médiévales.
Objectif : se différencier du marathon
La première édition à Sainte-Eulalie-de-Cernon a réuni 500 participants, avec une organisation encore balbutiante. « C’était une gestion artisanale, se rappelle Gilles Bertrand. Les coureurs, implantés dans une époque différente, avaient des tenues et chaussures inadéquates. Notre ambition était de démarquer cette course du marathon classique.
Le vainqueur inauguré, Patrick Renard, a terminé prenant pour trophée une œuvre d’art local. Il a mis 5 heures et 35 minutes pour conquérir le parcours exigeant des causses (72,6 km). « Un camarade marathonien m’a suggéré cette course à Millau, me promettant un cross exigeant, se remémore-t-il. Ignorant la distance et la nature du trail, j’ai simplement suivi mon élan avec des chaussures de route, sans trop de préparation.
Depuis, l’événement a inspiré d’autres manifestations à travers la France, y compris l’UTMB bien connu autour du Mont-Blanc. « Obtenir 500 participants dès la première édition nous semblait déjà ambitieux, se rappelle Odile Baudrier. Le succès a dépassé nos prévisions!
Aujourd’hui, le phénomène s’est déployé avec plus de 2 500 courses annuellement en France, attirant d’innombrables passionnés, stimulé par un marché florissant d’équipement. « La liste d’attente se prolonge avec 5 000 intéressés, mais nous plafonnons volontairement à 11 000 participants pour préserver la qualité organisationnelle, explique Odile Baudrier. Un équilibre nécessaire étant donné les ressources limitées de Millau.
« Ce chiffre prend en compte les impératifs environnementaux, évitant un nombre excessif de participants. »
Odile Baudrierà Vistazoalaprensa
Alors que le trail se professionnalise, de nouvelles dynamiques émergent. Bien que les plaintes persistent concernant la fréquentation, le trail continue d’attirer, rassemblant professionnels et amateurs. « Malgré les défis, ce sport offre une découverte incroyable à travers des décors riche d’histoires, déclare Thierry Breuil, manager et ancien vainqueur. Cela inspire un respect et une fascination pour ces paysages si eloquents.
Ce besoin de nature et d’authenticité explique l’engouement croissant pour le trail. « Il y a une autre atmosphère ici comparée aux courses sur route, ajoute Patrick Renard, enthousiaste à l’idée de partager cet univers. Les gens recherchent cette communion avec l’environnement.
Ce dimanche, ce sont 2 700 sportifs qui s’élanceront à travers le rigoureux parcours en Aveyron : 80 km ponctués de plus de 3 400 mètres de dénivelé positif !