L’affaire entourant l’attribution du domaine skiable des Gets, nichée au cœur de la Haute-Savoie, soulève de nombreuses interrogations tant sur le plan juridique que sur celui de la gouvernance locale. Au cœur de cette polémique se trouvent des questions sur la transparence et l’équité des processus décisionnels publics, particulièrement dans le contexte sensible des délégations de services publics.
Henri Anthonioz, le maire des Gets, est convoqué devant le tribunal correctionnel en juin 2025. Il est accusé, entre autres, de favoritisme et de prise illégale d’intérêt, selon les informations confirmées par France Bleu Pays de Savoie et relayées par Le Parisien. Ce procès résulte d’un différend d’importance, mettant en opposition l’ancien basketteur Tony Parker et ledit édile, centré sur la concession de gestion du domaine skiable local.
L’implication de Tony Parker et de sa société, Infinity Nine Mountain, apporte une dimension inattendue à cette affaire. En 2023, Parker avait soumis sa candidature pour la gestion du domaine, mais celle-ci fut rejetée par la municipalité, provoquant sa réaction indignée. L’ancien sportif se sent lésé par ce qu’il décrit comme une manipulation des règles de l’attribution publique en faveur d’accords discrets avec la commune de Verchaix, ce qui aurait permis de maintenir le contrôle du domaine entre certaines mains.
### Enquête confiée au parquet de Bonneville
Le climat de suspicion et de méfiance autour de cette affaire n’est pas uniquement alimenté par Tony Parker. Des signalements ont été successivement déposés par Anticor74, une association engagée dans la lutte contre la corruption, et par le préfet de la Haute-Savoie, menant à une enquête confiée au parquet de Bonneville. Le procureur Boris Duffau a détaillé que la section de recherches de Chambéry a été chargée de faire la lumière sur ces allégations.
En janvier, des perquisitions ont été effectuées dans les locaux de la mairie des Gets ainsi que chez la Sagets, l’opérateur historique des remontées mécaniques dont la commune détient la majorité des parts. Ces développements ont culminé avec la garde à vue de plus de 24 heures du maire Anthonioz début juillet, mettant en lumière l’ampleur de l’investigation en cours.
D’autre part, Tony Parker a tenté de contester son éviction par la voie judiciaire, déposant un recours en référé suspension devant le tribunal administratif de Grenoble. Cependant, sa requête a été rejetée en février, renforçant le statut quo de la situation.
L’avocat du maire, Maître Michaël Karpenschiff, défend vigoureusement que toutes les étapes de la procédure ont été scrupuleusement respectées. Il argumente que la décision prise par la municipalité reposait notamment sur un rapport de la Chambre régionale des comptes, soulignant les défis posés par le changement climatique et ses impacts sur les stations de moyenne altitude, telles que les Gets, en termes de déficit de neige. Cette défense met en exergue les tensions entre développement économique et contraintes environnementales croissantes qui pèsent sur ces territoires alpins.
Ainsi, au-delà des accusations, cette affaire met en lumière les défis systémiques auxquels font face les gestionnaires publics des territoires de montagnes et les pressions économiques et climatiques qui redessinent progressivement les contours de décisions locales.