Dans un contexte de bouleversements climatiques, la transformation de la viticulture dans le nord de la France représente un développement significatif. La hausse des températures, symptôme manifeste du réchauffement global, offre de nouvelles opportunités, mais pose également des défis aux cultivateurs traditionnels. Le phénomène est exploré cette semaine lors d’une conférence à Dijon consacrée aux vins, souvent associés aux régions plus méridionales.
La région des Hauts-de-France, historiquement non reconnue pour sa production viticole, voit se dessiner un nouvel avenir agricole. Laurent Sellier, un agriculteur chevronné, se tourne vers la viticulture après avoir remarqué que les conditions climatiques actuelles favorisent ce genre de culture. L’adaptation est visible sur sa parcelle de quatre hectares, où la craie, qui rend difficile la culture de blé et de betteraves en raison de sécheresses croissantes, semble pourtant favorable au cépage chardonnay.
### Une réponse stratégique au réchauffement climatique
Le repositionnement des choix agricoles est une réponse directe aux changements climatiques. Face à une aridité croissante, Laurent Sellier a vu dans la vigne une alternative viable, conformément à un projet impulsé par une entité commerciale agricole de la région. En parallèle, cette diversification sert aussi à stabiliser les revenus agricoles dans un contexte économique volatil. Contraint de jongler avec les prix fluctuants des cultures céréalières, l’agriculteur a donc intégré de nouvelles solutions.
Parmi les initiatives collectives, une coopérative viticole établie à Dompierre-Bequincourt témoigne de ce mouvement collectif vers une agriculture renouvelée. Julien Poulin, responsable de cette coopérative, explique que le nord de la France n’est pas seul à s’adapter : le changement climatique pousse progressivement des territoires encore plus au nord, tels que l’Angleterre, à entrer sur le marché du vin. Le choix du chardonnay, réputé pour son adaptabilité, optimisé pour le climat des Hauts-de-France, s’inscrit dans cette stratégie régionale.
### Devant une industrie en mutation, un vin blanc adapté
Julien Poulin s’adresse ensuite au secteur en crise de la consommation de vin. Alors que la tradition française, avec sa consommation considérablement diminuée, remet en question les approches quantitatives et qualitatives du vin, sa coopérative place ses espoirs dans des produits plus légers et festifs. Cette orientation vers des vins blancs doux et peu alcoolisés correspond à une demande croissante pour des boissons moins tanniques.
Les premières expériences ont démontré un succès notable avec, en seulement deux ans, une multiplication par six de la production. Ce succès, cependant, est mis à l’épreuve par les fluctuations de rendement dues aux conditions climatiques, qui affectent l’ensemble du vignoble national. Ainsi, la présente saison se prépare, bien que les prévisions soient prudentes, avec des espoirs de maintenir des niveaux de production stables malgré les défis que pose l’environnement.